Voici la première partie des Réflexions bibliques sur quelques doctrines des Témoins de Jéhovah.
Je leur ai fait connaître ton nom a dit Jésus dans Jean 17:26. En fonction de passages comme celui-ci, les Témoins de Jéhovah disent qu’ils faut insister sur le nom « Jéhovah », plutôt que de parler seulement du « Seigneur », de « Dieu » ou de « l’Eternel ». Ont-ils raison ?
Il faut savoir d’abord que dans la culture de l’époque, « faire connaître le nom de Dieu » signifiait bien plus que « dire comment il s’appelle ». Cela voulait dire plutôt : faire connaître sa véritable personne, ne rien cacher de ce qu’il est. (C’est pour cela que dans les pratiques occultes anciennes, on pensait que quelqu’un qui connaissait ton véritable nom avait un pouvoir sur toi, puisque cela voulait dire : « tout savoir sur toi » ou au moins « savoir l’essentiel sur toi ».) Quand Jésus prie « glorifie ton nom » (Jean 12:28), il veut dire, « que l’ensemble de ce que tu es soit reconnu et loué ».
D’ailleurs, Jésus n’a pas utilisé le nom de Dieu, ni les apôtres non plus. Même si la « traduction » du monde nouveau l’utilise régulièrement dans le Nouveau Testament, il n’existe pas un seul manuscrit du Nouveau Testament — pas même parmi les plus anciens — qui l’emploie. La raison en est tout simplement le fait que les Juifs de l’époque ne l’utilisaient pas. Quand ils le rencontraient dans la lecture des écritures (l’Ancien Testament), ils lisaient « adonaï » — ce qui veut dire « Seigneur » — plutôt que de prononcer à la légère ce nom si sacré. Ceux donc qui, de nos jours, l’insèrent dans leurs versions le font gratuitement, sans le moindre manuscrit à l’appui.
D’ailleurs, pour la petite histoire, c’est l’ignorance de certains sur cette pratique qui est à l’origine du nom « Jéhovah ». Le nom de Dieu en Hébreu est à quelque chose près Yahvé. L’hébreu, comme l’arabe, s’écrit essentiellement avec les consonnes. Mais on pouvait rajouter des points qui indiqueraient les voyelles si on le voulait ; ceci se faisait surtout dans des contextes où la prononciation n’était plus sûre pour tout le monde.
Or, dans les textes de l’Ancien Testament, quand les consonnes de « Yahvé » paraissent, on y mettait non les points-voyelles de ce mot mais ceux du mot « adonaï ». C’est tout à fait logique, en fait : comme les points-voyelles servaient à la prononciation, on mettait ceux du mot qu’on devait prononcer, plutôt que ceux qui correspondraient au mot qu’on n’allait pas prononcer. C’est cette combinaison des consonnes de « Yahvé » avec les voyelles du mot « adonaï » qui donne (après quelques déformations supplémentaires et un passage par l’allemand) le nom « Jéhovah ».
Mais même si on admet qu’on veuille faire connaître ce nom divin, ce nom que Dieu a révélé à Moïse, par exemple, dans le célèbre passage d’Exode 3:14, comment faudrait-il faire ? La prononciation originelle a été perdue. Nous savons que ce n’était pas « Jéhovah », qui est une déformation extrême du nom, totalement méconnaissable pour un Juif ancien. Mais même la forme « Yahvé » n’est qu’une approximation ; nous ne connaissons pas la prononciation précise. Il nous est donc impossible de prononcer avec certitude le véritable nom de Dieu. Il nous est également impossible, pour la grande majorité de gens, de le lire ou de l’écrire, pour la simple raison que très peu de personnes dans notre société occidentale connaissent l’hébreu.
On ne peut donc faire connaître que la signification du nom. Ce qui n’est pas mauvais : la signification des noms à cette époque avait beaucoup plus d’importance que la simple forme du nom. Les Témoins de Jéhovah prétendent que le nom de Dieu signifie « Il fait devenir » et « présente donc le Créateur comme l’Etre qui réalise progressivement ses promesses et qui accomplit immanquablement ses desseins » .
Interprétation entièrement gratuite, basée sur leurs préconceptions. En fait, quand les Juifs d’Alexandrie, plusieurs siècles avant Jésus Christ, ont traduit l’Ancien Testament en grec, ils ont traduit le nom de Dieu dans Exode 3:14 : « Je suis celui qui existe ». On peut penser qu’ils étaient bien mieux placés pour comprendre le texte hébreu que les Témoins de Jéhovah d’aujourd’hui.
Le sens de ce nom est donc le fait que Dieu est, et reste éternellement ce qu’il est. Par conséquent, le terme « l’Éternel » n’est pas du tout une mauvaise traduction du nom « Yahvé ». De ce fait, au minimum, nous faisons mieux connaître le nom de Dieu que ceux qui parlent de « Jéhovah ».
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